Erri de Luca : Impossible

4ème de couverture :
« On part en montagne pour éprouver la solitude, pour en se sentir minuscule face à l’immensité de la nature. Nombreux sont les imprévus qui peuvent se présenter, d’une rencontre avec un cerf au franchissement d’une forêt déracinée par le vent.
Sur un sentier escarpé des Dolomites, un homme chute dans le vide. derrière lui, un autre homme donne l’alerte. Or, ce ne sont pas des inconnus. Compagnons du même groupe révolutionnaire quarante plus tôt, le premier avait livré le second et tous ses anciens camarades à la police. Rencontre improbable, impossible coïncidence surtout, pour le magistrat chargé de l’affaire, qui tente de faire avouer au suspect un meurtre prémédité. »
Roman extrêmement plaisant qui m’a tenu en haleine jusqu’au bout et que j’ai lu en une journée ! L’auteur nous livre un récit intense, où une étrange relation se noue et se dénoue entre le juge et le suspect… Interrogatoire entre deux deux personnes que tout oppose : deux époques, l’impétuosité de la jeunesse, sûre d’elle, et le recul amusé et l’expérience de la vieillesse, la justice et la responsabilité individuelle u collective, la loyauté et la trahison mais… se retrouvant malgré tout sur certains points comme l’intégrité, la fidélité, le respect des règles ! Entre ces interrogatoires où chaque phrase invite à la réflexion, s’intercalent les lettres d’amour écrites par le suspect à sa compagne lointaine, véritables bouffées d’air poétiques et touchantes… sans oublier les magnifiques passages sur la Montagne !
Magnifique livre qui aborde des questions essentielles telles que la liberté, l’honneur, la mémoire, la justice, la fraternité, la fidélité à ses convictions, l’engagement.

Quelques beaux passages :
– « J’y vais par admiration pour les forces qui dépensent leur énergie démesurée là-haut. Cette année j’ai traversé des avalanches qui ont effacé des routes, des forêts abattues par le vent,  des versants tombés au fond de la vallée. Et, au milieu de ces effondrements la vie animale existe et se reproduit.
Je croise des chamois qui grimpent en courant, en apesanteur, et plus bas, dans les bois, mon passage surprend une biche. C’est une créature dont la pure élégance est l’effet d’une intense surveillance des dangers environnants. Elle transforme sa vigilance en mouvements agiles et parfaits, sa fuite est une danse. Je savoure chaque rencontre. »
– « Inutile : cet adjectif a une valeur pour moi. Dans la vie économique où tout repose sur la partie double donner/avoir, sur le profit et l’utile, aller en montagne, grimper, escalader, est un effort béni par l’inutile. Il n’est pas utile et ne cherche pas à l’être. »
-« Et s’il s’agissait de repentance active ? […/…] Celui qui dénonce ses propres camarades reste enfermé dans le verbe trahir. Ce que vous appelez repentance est une abjuration, un reniement encouragé par différents avantages, du programme de protection au changement de nom, à la remise en liberté.
La repentance est du domaine de l’intime et ne fait pas commerce de soi-même. Elle concerne la conscience de celui qui passe par là et non les documents judiciaires. »
-« Prendre connaissance d’une époque à travers les documents judiciaires c’est comme étudier les étoiles en regardant leur reflet dans un étang. »

 

 

 

 

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