Paolo Cognetti : Les Huit Montagnes

4ème de couverture :
Pietro est un enfant de la ville. L’été de ses onze ans, ses parents louent une maison à Grana, au cœur du val d’Aoste. Là-bas, il se lie d’amitié avec Bruno, un vacher de son âge. Tous deux parcourent inlassablement les alpages, forêts et chemins escarpés. Dans cette nature sauvage, le garçon découvre également une autre facette de son père qui, d’habitude taciturne et colérique, devient attentionné et se révèle un montagnard passionné. Vingt ans plus tard, le jeune homme reviendra à Grana pour y trouver refuge et tenter de se réconcilier avec son passé.
Hymne à l’amitié, histoire familiale, ce texte splendide nous fait aussi et surtout ressentir la force de la montagne, personnage à part entière, capable de bousculer des existences et de transformer des êtres.

Un vrai coup de cœur pour ce très beau livre d’une grande humanité. Un hymne à la nature, à l’amitié avec des liens très forts unissant les personnages principaux. Amoureuse de la montagne, sa façon de nous la faire vivre, de partager avec nous sa passion pour celle-ci, personnage à part entière de l’histoire m’a beaucoup impressionnée et émue ! C’est aussi toute une réflexion sur le sens à donner à sa vie, ce qui est essentiel ou pas…

Quelques beaux passages :
« – Comme on dit, parfois, quand on veut avancer, il faut savoir revenir sur ses pas. À condition d’être assez humble pour le reconnaître. »
« – Peut-être ma mère avait-elle raison, chacun en montagne a une altitude de prédilection, un paysage qui lui ressemble et dans lequel il se sent bien…. »
« – Et il disait : c’est bien un mot de la ville, ça, la nature . Vous en avez une idée si abstraite que même son nom l’est. Nous, ici, on parle de bois , de pré , de torrent , de roche. Autant de choses qu’on peut montrer du doigt. Qu’on peut utiliser. Les choses qu’on ne peut pas utiliser, nous, on ne s’embête pas à leur chercher un nom, parce qu’elles ne servent à rien. »
« – Je commençai alors à comprendre que tout, pour un poisson d’eau douce, vient de l’amont : insectes, branches, feuilles, n’importe quoi. C’est ce qui le pousse à regarder vers le haut : il attend de voir ce qui doit arriver. Si l’endroit où tu te baignes dans un fleuve correspond au présent, pensai-je, dans ce cas l’eau qui t’a dépassé, qui continue plus bas et va là où il n’y a plus rien pour toi, c’est le passé. L’avenir, c’est l’eau qui vient d’en haut, avec son lot de dangers et de découvertes. Le passé est en aval, l’avenir en amont. Voilà ce que j’aurais dû répondre à mon père. Quelque soit notre destin, il habite les montagnes au-dessus de nos têtes. »
« – On trouve sa place dans le monde par des moyens moins imprévisibles qu’on ne le croit.  »
« – Tu sais, l’important, c’est pas le temps que ça prend. iIl vaut mieux pas trop penser à l’avenir dans ce métier, autrement on devient fou.
– Alors à quoi je dois penser ?
– À maintenant. Elle est pas belle. cette journée ? »
« – Le paysage n’était pas si différent de celui de Grana, d’ailleurs, et sur la route je me dis que toutes les montagnes en quelque sorte se ressemblent, mis à part que rien, là-bas, ne me parlait de moi ou de quelqu’un que j’avais aimé, et c’était là toute la différence. La façon dont un lieu conservait l’histoire de chacun. Comment on réussissait à la relire chaque fois que l’on y remettait les pieds. Une montagne comme celle-là, il ne pouvait y en avoir qu’une dans la vie, et toutes les autres à côté n’étaient que des sommets mineurs, même l’Himalaya. »

1 réflexion sur “Paolo Cognetti : Les Huit Montagnes”

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