Clara Arnaud : Et vous passerez comme des vents fous

Résumé éditeur :
Au cours d’une saison d’estive, les attaques répétées d’une ourse ravivent les tensions dans une vallée pyrénéenne. Tentant de s’abstraire des débats, Alma, une éthologue, et Gaspard, un berger, communient avec la montagne, mêlent leur existence à celles des bêtes. Sur ces terres où l’homme et l’animal sont intimement liés, l’histoire d’un jeune montreur d’ours parti faire fortune à New York, un siècle plus tôt, résonne tragiquement avec le présent.
Interrogeant notre rapport au sauvage, Clara Arnaud offre une plongée saisissante, minutieusement documentée, dans la vie pastorale moderne. Elle signe un roman sensuel, immersif et tellurique, célébrant la beauté de la montagne sans taire sa violence.

Dans ce superbe roman, nous suivons trois personnages, leur point commun : l’ours. Le récit offre un chassé-croisé de leurs itinéraires durant trois saisons, printemps, été automne, entre la vallée et l’estive, avec comme toile de fond tout ce que la présence de l’ours qui rode dans les parages suscite comme émois, passions, tensions, jusqu’aux conflits…
Mais, pour moi, c’est vraiment la montagne LE personnage de ce très beau roman : ses pentes, sa roche, son air, sa faune, sa flore, sa mysticité, tout ceci si bien documenté et décrit par l’autrice ! Clara Arnaud aurait pu faire le choix d’une confrontation brutale entre ses personnages, à priori antagonistes, Alma et  Gaspard. Elle se fait au contraire apaisée, malgré les enjeux et les brebis tuées par l’ourse. Ces personnages forts échappent à la caricature grâce aux nuances apportées par l’autrice.Leurs regards différents sur le vivant se croisent en une belle complexité qui nourrit une réflexion riche et une interrogation profonde sur notre rapport au sauvage, à ce qui échappe au contrôle des hommes. à notre contrôle !

Quelques beaux passages :
–  » La montagne éprouvait, elle faisait le tri entre ceux qui ne faisaient qu’y passer et ceux qu’elle accueillait, dont tout l’être, le corps se pliaient à ses caprices. »
–  » Accepter, cela faisait partie du pacte qu’on nouait avec la montagne. »
–  » Il y avait dans les yeux des brebis quelque chose de doux et farouche à la fois, l’intense éclat d’un autre monde. Tout sauf la bêtise qu’on leur prêtait. »
–  » Chance reposait sur le flanc, où ce qu’il en restait. Les yeux avaient été évidés, et pourtant Gaspard se sentit serein en contemplant la dépouille. Il s’accroupit, caressa une dernière fois la peau de soie entre les deux naseaux, toujours intacte. La vieille jument avait décidé de mourir ici, après s’être enivrée des fleurs et des horizons de l’estive, comme si elle avait choisi son lieu et son moment. Il songea à Jean, qui serait aussi heureux que triste, de la savoir partie ainsi. […/…] Il se plut à penser que son esprit allait désormais résider en ces lieux, dans l’herbe qui s’agitait sous la brise d’été, les rochers, les nuages, disséminés un peu partout, veillant l’estive. Cette mort-là était gracieuse, il en parlerait à ses filles, elles verseraient une larme mais elles comprendraient. »
–  » L’ours, c’est l’enfant de la montagne, un enfant encombrant, mais sans lui, elle est incomplète. Alors bien sûr, parfois il nous fatigue, ce gosse turbulent, mais on a le devoir de vivre avec. […/…] Et Gaspard l’écoutait parce que c’était Jean, qu’il lui avait tout appris. Et souvent, il acquiesçait. Le vieux était du côté du temps long, il savait qu’on survit même au découragement. Il avait l’élégance de ne jamais sortir des formules toutes faites,… »

 

 

 

 

 

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