Agnès Ledig : Un abri de Fortune

4ème de couverture :
« Avec un peu d’amour, on fait de grandes choses. En deux années, mes voisins ont transformé cette bâtisse vosgienne à l’abandon en refuge. Du haut de mon banc et de mon grand âge, je viens chaque jour guetter les changements. Les trois premiers locataires sont aussi cabossés que moi. Un homme qui se remet d’un geste irréparable, une gamine fragile comme un moineau et une femme camouflant la misère sous sa légèreté. Je savais qu’au contact des arbres, des bêtes et du jardin, ils allaient oublier leurs peines et s’offrir un nouveau destin. Quand ils ont fait cette découverte dans les taillis et qu’ils se sont mis à remuer le passé, je me suis demandé jusqu’où tout ça allait les mener. Eh bien, vous allez être sacrément surpris… » Jean
Installée en lisière de forêt, Agnès Ledig puise son inspiration dans la biodiversité, convaincue des bienfaits de la nature sur les émotions humaines. Avec la sensibilité qui confère à son écriture une force rare, elle nous invite ici à revenir aux sources du vivant.

Une forêt vosgienne où je randonne souvent et que j’aime bien, des personnages abîmés par la vie en quête de reconstruction très attachants, un peu de suspens avec une enquête qui permet de retracer un épisode vosgien sanglant de la seconde guerre mondiale, tous les ingrédients sont là pour faire un livre que j’ai dévorée avec un réel plaisir ! C’est une ode à la nature, à la résilience, et surtout à la vie ! Un vrai coup de cœur. Seul regret je viens de m’apercevoir que j’aurai dû lire « la toute petite reine » où apparaissent les personnages d’Adrien et Capucine avant celui-ci !

Quelques beaux passages :
« – C’est quand même fascinant de sacrifier 800 hommes pour en sauver 200. J’ai jamais compris… Aujourd’hui, je leur envoie une pensée depuis mon banc, ça marche aussi.
Ensuite, le gosse m’a dit qu’on soupçonnait pas qu’il puisse y avoir eu autant de morts par ici, parce que le lieu ressemble plutôt au paradis. Je lui ai répondu qu’on voit des paradis dans des endroits normaux seulement parce qu’on a vécu l’enfer. Que c’est juste une question de relativité. »
« – Clémence ne vit que des premières fois depuis qu’elle est là, et elle y prend goût. Tout comme aux petits pois dont elle est allée chercher quelques gousses dans le jardin, pour les grignoter en écrivant. Les plus gros sont si beaux à contempler, parfaitement alignés dans leur étui, parfois plus carrés que ronds, leur croissance ayant dû s’adapter à l’espace. elle regarde ses orteils qui reposent dans l’herbe et se dit qu’ils sont rangés comme les petits pois qu’elle tient en main. La nature n’est qu’une répétition de modèles, et elle en fait partie. »
« – C’est quand on est trop sûr de soi que l’on se trompe. »
« – Karine aime cette atmosphère. L’odeur de la nature lavée qui se réchauffe à nouveau, la pluie qui s’incline devant le soleil en s’évaporant, comme si elle s’en allait sur la pointe des pieds devant son roi. »
« – Ils regardent le champ de roches et les cinquante mille années passées, la puissance que dégage ce lieu et leur humilité. Ils ne sont même pas des fourmis à l’échelle de l’humanité. Juste des particules, posées là un insignifiant instant. »
« – Legrand se lève et se faufile dans les petits chemins. Il connaît le jardin comme sa main, à force de l’arpenter dès qu’il a besoin d’évacuer les images sombres qui le hantent. Il confie aux fleurs et aux feuilles immenses ses funestes pensées et sa colère. Les plantes n’ont qu’à onduler dans le vent pour les dissiper. Ce jardin est un filtre qui transforme le noir en couleur. »

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