4ème de couverture
Quels secrets cache l’ombre du jacaranda, l’arbre fétiche de Stella ? Il faudra à son ami Milan des années pour le découvrir. Des années pour percer les silences du Rwanda, dévasté après le génocide des Tutsi. En rendant leur parole aux disparus, les jeunes gens échapperont à la solitude. Et trouveront la paix près des rivages magnifiques du lac Kivu.
Sur quatre générations, avec sa douceur unique, Gaël Faye nous raconte l’histoire terrible d’un pays qui s’essaie malgré tout au dialogue et au pardon. Comme un arbre se dresse entre ténèbres et lumière, Jacaranda célèbre l’humanité, paradoxale, aimante, vivante.
Après avoir lu et beaucoup aimé Petit Pays de Gaël Faye, j’ai voulu lire celui-ci et je ne fus, une fois de plus, pas déçu. L’auteur aborde un sujet grave et violent mais par son écriture sobre et délicate il en fait un roman facile et agréable à lire. Ce second roman, au travers de personnages d’une authenticité manifeste, nous apporte la compréhension sur les tenants et aboutissants du génocide rwandais, et en particulier sur le rôle joué par les occidentaux « colonisateurs » !
C’est un récit juste, poignant et très humaniste sur la force de la transmission, le nécessaire pardon pour que les jeunes générations suivantes puissent avancer dans la reconstruction collective d’un pays. C’est un véritable coup de cœur !
Quelques beaux passages :
– » – Tu avances sur ton mémoire ?
– Pas vraiment. Je n’ai pas eu la force d’assister à d’autres procès. Les récits sont insoutenables. Je comprends maintenant pourquoi on fit qu’un génocide est indicible.
– Tu sais, l’indicible ce n’est pas la violence du génocide, c’est la force des survivants à poursuivre leur existence malgré tout. »
– » – Milan, si je te demande de garder un secret, tu le feras ?
– Quel secret ?
– Le secret de l’arbre.
– Oui, bien sûr.
– Ce matin j’observais ma mère me chercher partout, dans la parcelle, dans la rue. Elle n’a pas levé les yeux une seule fois. La semaine dernière, c’était la même chose. Elle ne voit le monde qu’à son niveau. Tant de gens sont comme ça. Mais pas toi. »
– » Je lui demande pourquoi elle ne laisse pas Joséphine s’en occuper. Elle marmonne qu’elle ne sait pas faire, qu’il faut se méfier des rescapés, qu’ils sont méchants, jaloux. »
– » Pendant onze ans, j’ai eu la chance de vivre aux côtés de Rosalie qui m’a transmis l’histoire de ma famille et de mon pays. Elle était ma meilleur amie, ma confidente, mon âme sœur. Avant de s’éteindre paisiblement sur la terre de ses ancêtres, elle m’aura enseigné que l’on ne peut pas comprendre qui on est si l’on ne sait pas d’où l’on vient. Elle est la racine de mon arbre de vie. Elle existe pour toujours sous l’écorce de ma peau. »
– » – Je ne suis pas responsable des agissements de mon père et de mes frères, Milan, a-t-il répété.
– Mais tu es responsable de la vérité. Tu aurais dû dénoncer leurs crimes, raconter ton histoire à Claude.
– Je ne pouvais pas. C’était ma propre famille, tu comprends ?
– Ne me demande pas de comprendre. »
– » Et cette fois, c’est elle qui nous a ramenés à la vie, qui s’est battue pour que l’on ne sombre pas. Oui, à son tour elle m’a sauvé, elle m’a convaincu que la vie était encore possible. »
– » – Ça m’étonnerait que tu comprennes. Moi-même je ne sais pas pourquoi je suis là-bas. Tu t’imagines sans doute que je suis à la recherche de mes origines ?
– Non, je ne crois pas. Tu ne cherches pas tes origines. Peut-être que tu cherches à comprendre son silence. »
– » On rit à nouveau puis on se tait pour écouter le bruit des vagues. Voilà ce que j’aime avec Claude : c’est la seule personne avec qui je sais partager le silence? «