Voici un livre dont le sujet est on ne peut plus d’actualité : celle des migrants ! Mais l’auteur, prix Goncourt des Lycéens 2002 avec « Le soleil des Scorta » aborde le sujet sous un angle atypique, initiatique et plein d’humanité ! Il nous livre à travers le récit du périple en sens inverse de ses deux héros, Salvatore Piracci et Soleiman, un roman poignant et émouvant ! Nous entrons dans un fabuleux voyage, celui de l’exil, de la fuite vers un ailleurs pensé meilleur, vers un « eldorado » mais aussi de l’espoir !
Quelques beaux passages :
« l’herbe sera grasse, dit il, et les arbres chargés de fruits. De l’or coulera au fond des ruisseaux, et des carrières de diamants à ciel ouvert réverbèreront les rayons du soleil. Les forêts frémiront de gibier et les lacs seront poissonneux. Tout sera doux là bas. Et la vie passera comme une caresse. L’eldorado commandant. Ils l’avaient au fond des yeux. Ils l’ont voulu jusqu’à ce que leur embarcation se retourne. En cela ils ont été plus riches que vous et moi. Nous avons le fond de l’œil sec nous autres et nos vies sont lentes. »
– » Il parlait à la terre et aux peuples en souffrance. Il parlait pour laisser à la poussière quelques mots en héritage. Il voulait que sa voix coure le long des routes et des sentiers. L’Eldorado était là. […/…] Il convoqua la foule des visions qui l’assaillaient et il parla avec une volonté qu’il ne s’était plus connue depuis des années. Il leur dit de partir, sans attendre, à l’assaut des frontières. De tenter leur chance avec rage et obstination. Que des terres lointaines les attendaient. Oui, c’est cela qu’il murmura à la poussière. Que l’Eldorado était là. Et qu’il n’était pas de mer que l’homme ne puisse traverser. »